PSG : La difficile conciliation entre dopage financier et incertitude du résultat

La saison d’après débute. À la fin du mois de mai, le PSG était champion de France, vainqueur de la coupe de France, de la Ligue et du Trophée des Champions. Aucun club dans l’histoire du football Français n’avait réussi pareil quadruplé, auquel les Parisiens viennent d’ailleurs d’ajouter un nouveau Trophée des Champions. Alors qu’Angel Di Maria a rejoint un effectif déjà sans comparaison avec ceux de ses concurrents, une analyse de la domination parisienne s’impose. C’est l’occasion d’entrevoir le rapport de force entre deux notions qui s’entrechoquent en permanence dans l’analyse du football moderne, à savoir l’incertitude du résultat et l’influence des aspects économiques sur les performances des clubs. Une remarque s’impose avant de commencer. L’investissement massif réalisé au PSG est une des plus belles opportunités de développement pour notre football depuis des années et il n’est pas question de le remettre en cause. Néanmoins, une telle domination interpelle car même si le PSG a été sacré tardivement la saison dernière, il n’en reste pas moins vrai que ce résultat était vu comme inéluctable. Quelle valeur donner aux prestations parisiennes en compétitions domestiques ? Quelle conséquence doit-on en tirer sur l’incertitude de ces dernières ?

Ne pas minimiser la valeur des performances parisiennes rendrait à l’avenir impossible toute analyse objective

Lorsqu’en 2012, Montpellier remporte le seul championnat de France de son histoire, les analyses de leur performance ont été dithyrambiques. C’était la victoire du petit club Français contre le nouvel ogre Parisien qui avait à sa tête Carlo Ancelotti depuis le mois de décembre. À cette époque, c’est avec raison que les observateurs ont particulièrement loué le mérite des joueurs de René Girard. Cet exemple est intéressant pour répondre à la question de la valeur des performances du club de la capitale. En effet, il montre que si l’on ne minimise pas les succès parisiens, on sape la légitimité du raisonnement qui consistait à souligner le mérite des Montpelliérains en 2012. La raison à cela est simple. Elle relève du fait que lors de la saison du titre, le club Montpelliérain n’avait ni l’effectif, ni les structures qui pouvaient justifier de lui donner un statut de favori pour remporter cette compétition. Il est donc tout à fait logique que n’étant pas favori, et de loin, on souligne d’autant plus le mérite de ce club d’avoir remporté le championnat. On peut donc identifier le raisonnement suivant qui viendrait justifier l’analyse d’une performance. En fonction de la puissance économique du club, de son effectif et de ses structures, on dégage des favoris, des outsiders et autres pour remporter le championnat. Ce statut viendra donc obligatoirement impacter l’analyse de la performance, soit pour la valoriser davantage, soit pour la minimiser. Dans ce cadre et avec l’exemple de Montpellier, la seule façon d’être cohérent et de ne pas minimiser la performance du grandissime favori parisien serait de ne pas donner plus de valeur à la performance Montpelliéraine en 2012 qu’aux multiples titres parisiens. Ce raisonnement souligne l’évidence, mais il faut choisir, on ne peut pas valoriser dans un cas sans minimiser dans l’autre. Puisque personne, espérons le en tout cas, ne sera assez malhonnête intellectuellement pour dire que la victoire de Montpellier ne devait être d’autant plus saluée que le club n’était pas favori, personne ne pourra nier que la valeur des titres parisiens n’en est pas d’autant diminuée.

Mais la question n’est pas réglée pour autant, il faut souligner que le PSG n’a pas « simplement » remporté le championnat. Le club Parisien a remporté absolument toutes les compétitions nationales la saison dernière ce qui, en plus de ne pas être anodin, pourrait bien se reproduire lors des saisons à venir. Pour se permettre de minimiser de telles performances, il faut donc que le contexte soit extrêmement favorable aux parisiens. Est-ce le cas ? La réponse doit être positive et sera difficilement contestable. En effet, les ressources financières parisiennes, même après application des sanctions du FPF aujourd’hui relâchées, sont tout simplement incomparables avec celles de ses concurrents. S’il est bien évident que l’argent ne fait pas tout dans le football, une telle différence permet tout de même de recruter des joueurs d’une qualité toute autre et de payer des salaires bien plus élevés. À partir d’un certain point, la puissance économique d’un club lui permettrait ainsi de passer un cap et lui garantirait des résultats de qualités. C’est ce que montrent à des intensités différentes les exemples de Chelsea, Manchester City et du PSG. L’idée générale derrière cela est ce que certains observateurs appellent le « dopage financier ». Si certains voudraient voir une connotation péjorative dans cette expression, cela ne sera pas le cas de cet article. Il n’est pas question de légitimité et de performance comme c’est le cas du véritable dopage. Mais simplement du fait que par l’arrivée d’investisseurs sans limites financière, le club a pu connaître un développement qu’il n’aurait jamais connu autrement. Ainsi, les performances du PSG seraient « dopées » par une manne financière dont il bénéficierait sans lien avec son activité. De plus, si l’on ajoute au raisonnement la faiblesse du championnat français par rapport à d’autres pays européens, on comprend que l’écart est d’autant plus grand. En définitive, on peut donc considérer qu’à partir du moment où l’exemple de Montpellier oblige l’observateur à prendre en compte le contexte, alors on ne peut pas nier qu’étant donné l’écart entre le PSG et les autres clubs français, la valeur de la performance du club de la capitale doit nécessairement être limitée. Ceci n’allant d’ailleurs qu’en augmentant, plus le PSG réitérera ce type de performances, plus le club parisien sera favori. Comme on l’a montré, ce contexte au début de la compétition force à limiter la valeur du succès. Si le raisonnement pousse vers cette conclusion inéluctable, il faut tout de même se demander si elle est souhaitable.

Accepter de minimiser de telles performances remet en cause la notion d’incertitude des compétitions

Si tous les observateurs s’accordent à dire que le football est caractérisé par l’incertitude des compétitions, le raisonnement pragmatique mené plus haut revient à la remettre en cause. De fait, plus l’on s’attendait au succès d’un club, moins celui-ci a de valeur et donc moins la compétition est incertaine. Il ne s’agit pas de dire que toute compétition qui n’est pas absolument incertaine n’a plus aucun intérêt ce qui serait inexact. Mais simplement que plus on limite cette incertitude, plus on expose la compétition à se dénaturer à terme. Dans ce cadre, pouvoir même penser minimiser la performance d’un club qui remporte tous les trophées nationaux sur une saison souligne une incertitude des compétitions françaises particulièrement faible. Pourtant, on pourrait soutenir avec raison que la performance sportive ne sera jamais exacte et le simple fait de reporter toutes les compétitions domestiques devrait suffire à qualifier l’exploit. Ce par nature, sans qu’il soit besoin de voir le contexte. C’est une approche plus notionnelle et qui n’est en rien plus ou moins justifiée que la précédente, car elle repose sur le fondement du sport qu’est cette incertitude. Alors que faire, doit-on adopter le point de vue pragmatique et plus fondé au regard du contexte ? Ou au contraire doit-on considérer que l’incertitude de la compétition oblige l’observateur à louer les titres parisiens ? La difficulté réside dans le fait que ces opinions sont mutuellement exclusives, l’incertitude et la dévalorisation des performances étant des notions liées. De plus, l’on est forcé de constater que l’incertitude des compétitions nationales a pris un coup tellement les parisiens sont favoris. Il faut donc la restaurer, mais comment ?

Réduire les inégalités économiques pour rétablir l’incertitude du résultat ?

Pour tirer les conclusions de la confrontation entre ces deux notions, il faut prendre le problème à l’envers. D’où vient donc la baisse de l’incertitude de nos compétitions ? Les arguments précédents poussent logiquement l’observateur à dire que puisque c’est le développement économique d’un club par le dopage financier qui a induit cette diminution de l’incertitude, ce même développement des autres clubs permettra de la rétablir. Le problème majeur de ce raisonnement est qu’il fait primer l’économique sur le sportif. À l’heure où le football business et la perte de passion sont critiqués par tous, cette voie ne fera que nuire au football français. Cette idée repose sur le même raisonnement développé par la LFP au moment de la proposition de réduction du nombre de promotions/relégations qui a déjà été critiquée. C’est à cause de ce genre d’argumentaires mal fondés que l’hégémonie parisienne pourrait à terme être néfaste au football français. On souhaite alors donner plus de sécurité aux investisseurs comme l’a voulu la LFP et on entame le cercle vicieux de la diminution de l’incertitude par la baisse d’intérêt de la compétition qui n’engendre rien d’autre qu’une perte de compétitivité économique. Car il faut le répéter, ce ne sont pas les investisseurs qui font le football mais bien les observateurs qui demandent des compétitions les plus incertaines possible. Or par nature, croire que c’est par la croissance économique que l’on restaure l’incertitude du résultat revient tout simplement à la nier. Pourquoi ? La raison semble évidente. Si l’on peut restaurer l’insuffisante incertitude des compétitions en plaçant l’économique au centre, cela implique tout simplement que la croissance économique dompte l’incertitude. Le raisonnement est donc parfaitement circulaire. Certains souligneront à raison que le PSG a pourtant rompu cette incertitude. Mais pas par le développement économique, par le dopage financier ce qui est totalement différent. Il existe pourtant un cas où ce raisonnement mène quelque part, c’est dans l’hypothèse de l’instauration d’une ligue fermée. Dans ce cas effectivement, en plaçant les clubs dans une situation économique plus ou moins identique, on leur permet d’assurer une compétition incertaine.

Pourtant, cette hypothèse d’une ligue fermée est inenvisageable à court terme, rien que sur le plan du droit européen de la concurrence. Mais cela va plus loin, le football européen est imprégné de ces inégalités et il ne faut pas les déplorer, mais au contraire les embrasser. C’est le concept même de la ligue ouverte où chaque saison, trois clubs d’une division inférieure se voient offrir la chance d’évoluer avec plus développés qu’eux. Dans ce cadre, c’est en plaçant le sportif au centre de la réflexion que l’on se sort de l’impasse. En effet, ce sont les progrès sportifs qui engendrent un développement économique et le seul cas où l’inverse est vrai est celui du dopage financier. Il ne faut pas se plaindre de ne pas avoir assez de fonds pour recruter, il faut développer un projet sportif qui permettra d’augmenter l’engouement autour du club, de réaliser parfois des plus-values sur les ventes de joueurs et entamer ainsi un cercle vertueux. C’est uniquement dans ce sens que le raisonnement est efficace dans une ligue ouverte. La seule voie qui ne revient pas à nier l’incertitude du résultat pour la rétablir est donc une voie sportive, cela ne devrait pas être étonnant car le football n’est pas une activité économique comme les autres. Le football français doit donc profiter du coup de projecteur mis sur la Ligue 1 grâce aux stars parisiennes et à leurs performances, certes dopées financièrement, pour développer des projets centrés sur le sportif. Car l’observateur n’est pas un consommateur comme un autre, c’est un passionné qui ne veut qu’une seule chose, voir un match de football où les équipes luttent pour faire pencher le résultat en leur faveur. Car l’incertitude du résultat n’est pas un postulat, c’est un résultat de la nature du sport. Il n’y a pas d’incertitude sans placer le sportif au centre de la réflexion. Si toutes les équipes d’un championnat partaient de cette idée, alors il serait neutre que ce soit la même qui remporte la compétition à chaque fois. Tous les clubs lutteraient pour obtenir les meilleures places à tous les étages. Surtout, faut-il rappeler que chaque équipe ne joue le PSG que deux fois en championnat ? L’observateur ne veut pas d’un football où l’on réduit les inégalités par le développement économique qui induit une nécessaire rationalisation des réflexions et donc une perte de passion. De plus, c’est bien l’observateur qui permet au football de se développer économiquement. Alors même dans une réflexion économique, c’est par l’incertitude d’une compétition que l’on fait croître le marché.

Empêcher le dopage financier qui induit des inégalités difficilement rattrapables et forcer les clubs à faire primer le sportif sur l’économique, n’est-ce pas là ce que prône le Fair Play financier ?

Axel

C'est une thèse bien argumentée et qui mérite une lecture soignée et attentive.
Sauf qu’elle nie le contexte, malgré son évocation. Le problème est qu’il faudrait expliquer en détails le contexte du PSG, qui est extrêmement particulier. Est toujours oublié – peut être volontairement ?-, la situation de la France. Ce pays ultra centralisé, écrasé par la macrocéphalie parisienne qui empêche les villes de province de se développer. C’est le problème historique de la France.

Or, et c’est difficile à comprendre pour un supporter lambda non partisan, le sport était le seul domaine d’activité non dominé par la capitale d’un pays aussi centralisé. Avec QSI, l’anomalie a quelque part été rétablie. Sauf qu’elle fut tellement brutal, que cela donne un sentiment de faux, d’artificiel – alors même que c’était la situation d’avant qui était anormale. QSI fut en fait pour Paris un moyen de rattrapage, une sorte de chance inespérée qui succédait à une profonde malchance, pour le ramener au niveau auquel il aurait toujours dû figurer.

Ceux qui voit dopage financier ne raisonne pas suffisamment bien – je ne cherche pas à diminuer la qualité de ton travail -, car il n’est qu’une conséquence de la fatalité française, à l’ère d’un football avalé par le business. Il ne peut en être autrement, vu la mondialisation – je sais que c’est dur à comprendre pour une personne attiré par l’égalité et qui souhaiterait une compétition plus juste.

En revanche, la question que tu devrais poser est : cela peut-il durer ? Peut-on avoir un aussi gros clubs européen dans un championnat intermédiaire qui ne fera que perdre ses meilleurs joueurs ? Le cas du PSG est unique dans le sport, puisqu’il est entre deux mondes. Ni avec les forts (4 grand championnats dominateurs du monde), ni avec les faibles (les autres championnats qui ne peuvent plus prétendre à la victoire en C1. Porto restera le dernier vainqueur pour toujours en 2004). Il est au milieu, seul avec lui-même.

OptaQuin

Merci pour ton commentaire !
Je comprends ce que tu dis sur la centralisation est l’anomalie qu’était le sport. Mais cela change-t-il vraiment quelque chose ? J’essaie de montrer avec l’exemple sur Montpellier qu’on a une incertitude du résultat affaiblie par le dopage financier du PSG (que je n’attaque/critique d’ailleurs pas du tout). C’est un prétexte pour ensuite ouvrir la discussion sur la question importante : Maintenant que le PSG domine tout, on fait quoi ? Est-ce par le développement éco et les présidents de L1 qui pleurent bien souvent ? Ou par le sportif ? Si je pose ces questions, c’est parce que ça ne peut pas durer c’est évident. Je vais même te dire, si cela devait continuer des années, c’est le PSG qui ferait tout pour renforcer les autres ou en tout cas pour construire une rivalité qui redonnerait du piment au championnat (PSG/OM ?).
J’essaie d’apporter une réponse. Ce que tu dis est très certainement juste, je ne le nie pas, mais ça ne change pas la teneur du propos finalement 🙂

Axel

Merci à toi pour ton excellent article.
On est d’accord finalement, mon commentaire n’était qu’un complément sur la situation spécifique et contextuel du PSG, qui est souvent nié, parce que les gens ne se rendent pas compte qu’avant QSI ce club était une anomalie hallucinante vu ce qu’est la France, qui est écrasée par sa capitale.

Mais je suis parfaitement d’accord avec toi qu’un développement de la L1 passera par le sportif, et pas par l’économique. Le problème, et tu le sais surement mieux que moi, est que nos clubs ont trop de retard. Ils n’ont pas compris l’évolution du foot business et ajouté à la formation française qui est catastrophique, ils sont des épaves dans une économie de marché qui les avale. En sponsoring, on est catastrophiques. En merchandising, on est catastrophiques. En billetterie (loges), on est catastrophiques. Je crois que 60% des recettes des clubs français hors PSG provient des Droits TV. Et le football a une cote désastreuse en France en terme d’image. Nous ne sommes pas un pays de football, or tout part de ce point névralgique.

Ce que tu expliques – fort bien – est qu’un développement des clubs français passera par une progression sportive. C’est à dire comprendre que le foot est aujourd’hui une industrie de spectacle, donc PRODUIRE DU JEU. Développer du bon football. Avoir une cellule de recrutement performante. Et ces évolutions sportives conduiront mécaniquement à une augmentation des recettes économiques (plus de gens au stade, droits TV supérieurs, plus de produits dérivés vendus, etc…) Je suis d’accord avec toi. sauf que je crains que nous soyons trop en retard. C’est comme si on avait raté le train pour moi. La mondialisation a prolétarisé la classe moyenne, et le phénomène est identique en football. Nos clubs, à mon humble avis, ne reviendront plus jamais dans la course. Après, des clubs comme Lyon (stade, centre de formation) et Monaco (scouting) ont des modèles économiques qui fonctionneront. Mais pas pour être top 15 européen.

Au passage, je suis pour le Fair-Play Financier, notamment pour sa deuxième version, qui permet à des clubs de se lancer par l’économique.

Quant à la situation du PSG, c’est extrêmement problématique. C’est à la fois une solution et un problème pour le foot français. Pour lui même, je suis PARFAITEMENT d’accord avec toi. Il sera obligé de trouver des concurrents (même si Lyon et Monaco ne sont pas non plus des sous fiffres et le championnat s’affaiblissant par le bas, le classement pourrait ne pas refléter exactement l’écart qu’il y a puisqu’il sera de plus en plus simple de battre les équipes classées de 10 à 20 en L1). Que peut faire le PSG ? Je ne sais pas. Sa situation est tellement spécifique. A mon humble avis, je pense que le foot de demain (et ça ne me plait pas) deviendra une gigantesque guerre des trones, avec des superpuissances (Real, Bayern, Juve, Milan, Barça, PSG) qui régissent dans des championnats sans équité et totalement déséquilibrés. Le but sera de dominer les autres superpuissances à travers les conquêtes européennes. Le Barça a par exemple comme ambition, selon Bartomeu, d’atteindre en 2022 le milliard de budget. C’est ça le monde de demain, conséquence de l’hyper libéralisme. Le FPF ne pourra rien y changer. Il est trop tard, et la mondialisation accentuera le gouffre entre les riches et les autres.

Pour le PSG, faire progresser les autres équipes fortes de L1 sera nécéssaire, oui. Augmenter les Droits TV et tout faire pour que la Ligue 1 ne soit pas qu’un championnat intermédiaire (mais elle l’est culturellement donc comment changer ?). A mon humble avis, si tu me demandes, je pense que le PSG va devoir devenir l’épicentre du sport français ; avec des médias autour de lui spécifiquement pour lui. Il va devoir rompre avec l’égalitarisme sévissant, à tous les niveaux. Il va lui falloir faire accepter qu’il n’y aura plus jamais d’égalité. C’est bâtir un empire leur avenir. Mais ce ne sera pas simple, mais toutefois possible (ils vont très haut, très vite grâce au rayonnement de leur ville. Un Ronaldo arrivera l’an prochain je pense). Mais le foot français comme nous l’avons connu est mort. La seule compétition vraiment excitante sera la Premier League, la NBA du foot.

chris

Axel, pour que l’argument du « pays ultra centralisé, écrasé par la macrocéphalie parisienne » puisse légitimer une domination outrancière et irréversible du club de la capitale, encore aurait-il fallu que le développement des recettes trouve son origine dans le tissu économique parisien à l’instar du Bayern Munich qui a su fédérer les grands groupes bavarois autour de son projet de développement (sponsoring actionnarial qui a permis à la fois de développer les recettes marketing et d’avoir des apports en capitaux pour financer le stade). Or, le budget du club parisien est alimenté pour moitié par le Qatar, que ça soit par un contrat d’image qui n’est autre qu’une subvention d’équilibre permettant de masquer un déficit abyssal (souhait de la DNCG) ou par divers contrats de sponsorings qui sont plus ou moins liés à la gazo-monarchie, qu’il s’agisse d’entreprises d’État (QNB, Oredoo qui n’ont pas ou peu d’activités en Europe…) ou de partenaires économiques du Qatar (GDF-Suez qui a pour fournisseur le Qatar, PMU, dont de grandes courses hippiques ont pour principal partenaire le Qatar). C’est un cas unique, aucun autre gros budget européen n’est abondé à ce point par son propriétaire.
Par ailleurs, si on jette un coup d’œil sur des critères de valorisation d’une marque tels que l’audimat (quel club tire la demande des droits TV ?) ou sur les ventes de maillots sur le marché domestique (popularité sur le marché hexagonal), on constate qu’il n’y-a pas de domination écrasante du PSG, voir pas de domination malgré des investissements colossaux et le poids démographique de Paris. En fin de compte, il reste un potentiel de développement des recettes stade sans nul doute nettement plus grand que ses concurrents français mais qui en aucun cas ne peut justifier les écarts budgétaires que l’on connaît actuellement. D’ailleurs, le poids de Londres est comparable à celui de Paris en France, ça n’a jamais empêché d’autres club du pays de rivaliser avec la capitale, récemment un prince d’Abu Dhabi a même repris le second club de Manchester avec un projet à l’ambition et au moyen comparable à celui à de QSI.

Pour moi, la domination budgétaire outrancière du PSG me paraît difficilement légitime car elle ne trouve pas son origine dans des conditions économiques (perspective de retour sur investissement impossible à ce niveau de dépense du fait du niveau des prélèvements obligatoires et les contraintes réglementaires à Paris ou ailleurs), mais résulte de motivations qui ne devraient pas interférer dans l’économie des clubs de football, à savoir des objectifs diplomatiques (pour le Qatar qui se situe dans un contexte géopolitique très tendu et qui doit l’essentielle de sa richesse à un gisement de gaz commun avec l’Iran, il s’agit d’enraciner durablement une bonne entente avec la France, principale puissance diplomatique européenne), voir à une motivation de politique intérieure (le sport vecteur d’espérance pour la jeunesse qatari), le tout bien évidemment renforcé à l’époque par les positions de l’Élysée très favorables au Qatar, que ça soit au niveau diplomatique en faisant du Qatar un interlocuteur pour le Moyen-Orient, excessivement privilégié au dire de spécialistes ; par un soutien actif en faveur de sa candidature à la coupe du monde et bien évidemment grâce à la révision de sa convention fiscale qui lui a permis aux qatari de réaliser de substantielles économies d’impôts sur leurs actifs français, on peut le percevoir comme une compensation aux surcoûts occasionnés par le développement un projet sportif ambitieux avec un club français.

Ben

En premier lieu, j’ai vraiment apprécié ton analyse. Je trouve en revanche que tu occultes un peu trop un point sur le ‘dopage financier’.
J’ai bien compris que le dopage financier n’était pas une notion péjorative dans ta démonstration, mais en disant qu’il s’agit juste d’une manne financière dont un club (ici le PSG) bénéficie sans lien avec son activité…je crois qu’on ne va pas assez loin.
Si on doit comparer le dopage financier au dopage classique…au delà de l’aspect répressif, il y a dans le dopage classique une science très précise d’application de certains protocoles, que ce soit pour ne pas se faire prendre par la patrouille, mais aussi et surtout pour réellement optimiser et maximiser la performance.
Le dopage financier, sans application d’un ‘protocole’ précis dans le recrutement et l’utilisation de cette manne financière serait inutile voire contre-productif.

Tu en parles après pour évoquer le développement des clubs de L1 et je te rejoins totalement, mais si des projets sportifs ne sont pas mis d’abord en avant, et qu’on cherche à rassurer bêtement des investisseurs en enlevant une place pour descendre ou qu’on prend d’autres décisions gadget, ça ne fonctionnera pas.

Je crois que pour le dopage financier c’est pareil.
Si tu ne mets pas le sportif au cœur du projet, tu peux mettre toute la tune du monde….ça ne fonctionnera pas.
Les problèmes de vestiaires sont relativement peu importants à Paris par rapport à d’autres clubs, parce que le choix des joueurs ne s’est pas forcément fait en fonction du simple talent, mais aussi de l’état d’esprit. Même si on peut considérer le recrutement de Lugano comme un échec, l’idée de recruter le taulier de la celeste, non pas pour son niveau, mais pour son leadership, montre que l’ambition de Paris n’était pas de recruter pour recruter en utilisant n’importe comment cette manne financière, mais bien de construire un groupe.

Mon avis est donc qu’on ne peut pas dissocier le dopage financier des choix sportifs. Or un choix sportif confère une forme d’incertitude qui ne réduit pas tant que ça le mérite du PSG d’avoir remporté toutes les compétitions nationales.

Encore merci pour ton article et bonne semaine à toi.

Ben

chris

Sur une période significative, disons les 10 dernières années, combien de fois un des plus gros budget européen (soit un club qui dépasse allégrement les 300M€ de budget) a perdu le titre de champion face à un concurrent dont le budget lui était 4x inférieur ?

Sauf erreur de ma part, sur 40 événements (les 4 championnats majeurs sur 10 années) ça ne s’est produit qu’une seule fois avec Wolfsburg.
Certes l’argent ne fait pas tout mais il contribue grandement et à certain niveau, lorsque vous pouvez vous offrir des joueurs qui ont déjà fait leurs preuves dans les plus grandes compétitions, qui sont parmi les meilleurs joueurs évoluant en Europe, et que le budget beaucoup plus faible de vos principales concurrents les oblige à une certaine dose de paris dans leurs recrutements (jeunes joueurs, joueurs à relancés, joueurs talentueux évoluant dans des championnats secondaires), vous avez un tel avantage qu’il est presque irrémédiable pour la concurrence. Dans de telles conditions ne pas rafler chaque année des titres, relèverait de la faute professionnelle.

Ben

Dire que l’argent n’aide pas serait une grosse connerie (je vais donc éviter)…mais si les différences Wolfsburg/Bayern et Mtp/Paris sont incomparables, je crois qu’il faut mesurer de manière un peu plus souple qu’avec une différence de budget de x4 ou x5.

L’atletico gagne avec presque 3 fois moins de budget…contre 2 grosses écuries en 2014.
Dortmund fait un doublé 2011 et 2012 avec un budget nettement inférieur à celui du Bayern.
Si tu remontes un peu plus loin en France, après Lyon et jusqu’à Montpellier aucun des plus gros budget ne l’a emporté (bordeaux 2.5x moins, lille 3x moins et bien sûr Mtp, sachant que Marseille avait moins que Lyon mais la différence était ridicule).

En ligue des champions, sur les 6 dernières années, sur 5 ans, tu as un petit budget qui se mêle aux gros dans le dernier carré (lyon), voir qui va en finale (juve, atletico, dortmund, ) et gagne (Inter). Je ne crois pas que ce soit neutre.

A contrario.... aucun club ‘dopé financièrement’, City, les clubs russes ou Paris n’accèdent à ce dernier carré (malaga était pas loin…mais même dopé, le budget était loin des autres)…preuve selon moi que sans un projet sportif béton, le dopage financier aide, mais pas autant qu’il n’y parait.

Bonne journée

Hadri

Il me semble que cet article emprunte quelques jugements hasardeux à une presse qu’elle critique par ailleurs. Je me concentrerais d’abord sur la différence d’exaltation journalistique entre le titre montpelliérain et le dernier titre parisien:

Je pense qu’il est futile de produire un jugement instantané sur un traitement de l’information immédiat.

Tout d’abord, l’idée que la performance du PSG est diminuée dans l’analyse peut être comparée à l’attitude (la fatigue) perceptible au cours du règne Lyonnais des années 2000. Depuis, l’oeuvre globale de l’OL est systématiquement assimilée à l’une des performances les plus importantes de l’histoire de notre championnat. Il est probable que dans 10 ans, ce PSG 2014/2015 soit souvent cité comme l’une des dix « plus beaux champions » de l’histoire de l’élite (tout comme le MSCH 2012).

Le jugement instantané regarde toujours les perspectives d’avenir à court terme. L’exploit montpelliérain promettait d’être sans lendemain. Il était donc important de souligner cette performance d’un point de vu editorial. Dans le cas du PSG, les saisons futures semblent promettre un scenario victorieux identique. Le système médiatique est ainsi fait que l’on cherche à augmenter l’enjeu pour prévenir une certaine forme de lassitude. Les questions qui commencent à poindre ressemblent à « Peuvent-t-ils rester invaincus? » dès la 4ème journée du championnat. Le retentissement de la saison des « Invincibles » d’Arsenal (2003-2004) suggère que c’est effectivement une façon pour Paris et la L1 de rester attractif dans le context actuel.

Les équipes sont avec le temps jugées sur un cycle complet. Un cas d’espèce intéressant est le Bordeaux de Laurent Blanc qui n’échappe jamais au rappel de 6 derniers mois apocalyptiques alors que le scénario d’un doublé semblait inéluctable. De manière moindre, l’arc Deschamps à Marseille est également terni dans l’analyse globale par un déficit de spectacle et des résultats subséquents décevants alors que le titre olympien fût hautement considéré en instantané.

D'un point de vue objectif, rien n’indique que la domination parisienne soit mauvaise pour le foot français tant que le PSG cherche à viser plus haut (en partie grâce aux medias). L’audience continuera d’augmenter, l’économie du championnat s’améliorera et la position de la France sur l’échiquier européen progressera. Cette équipe sera objectivement jugée quand son cycle prendra fin, comme toutes les grandes équipes avant elle. On peut également concevoir que les rivaux du PSG vont tenter de développer des stratégies alternatives pour concurrencer intelligemment le club de la capitale (entraineur étranger, formation, style de jeu, culture, considération de la Ligue Europa). En sommes, le PSG version Qatar fait du bien à la Ligue 1 et est le mal nécessaire pour l’essor de ses concurrents qui finiront bien par le battre.

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